Plaidoyer pour Israël

Basler Zeitung

Le 28 août 2011

Editorial, Markus Somm (rédacteur en chef)

Markus Somm

Aucun pays ne subit de critiques plus intenses, aucun Etat n’est si souvent condamné qu’Israël. A raison ?

La Suisse doit-elle reconnaître un Etat de Palestine ? La Commission de Politique Extérieure du Parlement qui s’est réunie pour traiter la question n’a pas osé en venir à une décision, préférant se cacher derrière des phrases vides de sens.

La commission espère probablement secrètement que c’est le Conseil Fédéral qui se chargera de prendre cette décision qui, quel que soit son contenu, fâchera les uns et soulagera les autres. La question ne laisse de toute façon personne indifférent. Aussi près d’une élection, personne ne va prendre le risque de s’exposer. Israël est un détonateur.

Mais même si les politiciens, comme toujours, se tâtent, la Suisse devra montrer de quel côté elle est lorsque l’Assemblée Générale de l’ONU se réunira en septembre à New York. Si tout se passe selon le plan, le président palestinien, Mahmoud Abbas, déclarera alors un Etat indépendant- en ayant l’assurance de gagner les voix d’une majorité de membres de l’ONU. En connaissance de cause. Quiconque observe attentivement le comportement des majorités à l’ONU peut deviner que les Palestiniens ont toutes les chances d’obtenir une large bienveillance. Israël est seul. Pour contrer une reconnaissance de la Palestine, Israël ne peut compter que sur le presque assuré veto américain. L’Allemagne ne laissera pas non plus tomber l’Etat Juif. Mais tous les autres Etat occidentaux ne sont pas sûrs de leur camp, sans parler du reste du monde .

Israël seul. Après que les Juifs ont été persécutés pendant près de deux mille ans, beaucoup d’Israéliens devraient pouvoir passer outre cette isolation, ils ont déjà enduré pire que ça. Mais pouvons nous, nous les Suisses, rester en retrait quand Israël se retrouve encore une fois discrédité et montré du doigt ? Si nous nous en tenions aux maximes de la politique extérieure suisse, tout serait simple : nous sommes neutres. Depuis quand reconnaissons-nous des pays qui ne sont selon tout apparence pas indépendants ? La Cisjordanie est encore occupée par Israël et le pays n’a trouvé pour l’instant aucun moyen de s’arranger avec ce dernier. Tout accord de paix reste un vœu pieux. Particulièrement en ce qui concerne la politique internationale, qui s’est retrouvée récemment inutilement compliquée, cela aide de rester simple. Ces questions ne doivent pas être traités selon des critères esthétiques- du genre  j’aime ou je n’aime pas ce pays – mais formels : ce pays peut-il défendre sa souveraineté lorsque c’est nécessaire ? Qui est le maître dans la maison ? Nous devons être réaliste, pas seulement faire comme si nous l’étions.

Les malheureux Tibétains

Le Tibet est occupé par la Chine depuis des décennies- ce qui, d’après la loi internationale, est certainement injustifié. Il n’est pourtant jamais venu à l’idée de la Suisse d’accepter une autonomie du Tibet. En 2004, une pétition en ce sens fut envoyée au Département des Affaires Etrangères. Voilà quelle fut sa réponse : « Le DFAE ne présentera à l’ONU aucune résolution sur une autodétermination des Tibétains, puisque la Suisse, comme la plupart des pays de la communauté internationale, considère que le Tibet, en tant que région autonome avec rang de province, fait partie intégrante de la République de Chine. Une telle résolution constituerait une ingérence dans les affaires internes d’un autre Etat ».

Par le passé, la Suisse a reconnu des Etats lorsque la réalité ne lui laissait pas d’autre choix. Aujourd’hui, il se trouve de plus en plus de gens qui pensent que nous devrions diriger notre politique extérieure de façon normative, que nous devrions faire quelque chose pour former la réalité en fonction de nos désirs. Ce n’est pas ce qui existe qui nous motive, mais ce qui devrait ou pourrait exister.

Je pense qu’il est erroné d’agir de cette façon, parce qu’un Etat qui se comporte ainsi a vite fait de se rendre ridicule s’il se jette à lui-même des déclamations grandioses qui s’évaporent dans la réalité du monde comme de l’eau bouillante. Ce petit pays qu’est la Suisse ne sera jamais capable de résoudre le conflit au Proche-Orient. Une reconnaissance d’un Etat palestinien en ce moment est une absurdité. Il était de la même façon inutile de déclarer la souveraineté du Kosovo alors que toute personne sensée savait très bien que cette entité était loin d’être un Etat. Pourquoi devons-nous faire semblant d’agir ? Cela est contreproductif, cela nuit à Israël, cela n’aide les Palestiniens en aucune façon.

Mais l’absurdité tient du système. Lorsqu’il s’agit d’Israël, de nombreuses personnes en Occident font montrent d’une passion remarquable : lors de ces dernières semaines, l’on a pu voir dans la NZZ une grosse et coûteuse annonce : « Il faut reconnaître la Palestine! ». Une action initiée par l’Association Suisse-Palestine, qui du reste est présidée par le chroniqueur de la Basler Zeitung Daniel Vischer, une organisation qui présente depuis des années une ligne anti-israélienne très dure. L’appel est paraphé par les noms de nombreux Suisses qui croient sans doute qu’on peut de cette façon promouvoir la paix au Proche-Orient. Qui peut douter de leur bonne foi ? Pourquoi, cependant, sont-ils si préoccupés par Israël ?

Israël est un pays occidental talentueux et démocratique qui a beaucoup d’égards ressemble à la Suisse- à la différence importante que jusqu’à ce jour une bonne partie de ses voisins voudrait le rejeter dans la Méditerranée. Ce pays que les Juifs ont rétabli après deux mille ans de diaspora et ont transformé en un jardin verdoyant est critiqué plus que tout autre pays au monde. Aucun pays n’est plus souvent soumis au traitement du Conseil des Droits de l’Homme à Genève, aucun autre pays n’est aussi régulièrement condamné dans les forums internationaux que l’Etat juif. Libyens et Cubains se recommandent, eux, comme experts en matière de Droits de l’Homme. Si un petit homme de la planète Mars venait sur terre, il aurait l’impression qu’aucun Etat ne met plus l’humanité en danger qu’Israël.

Le malheur de l’occupation

Certainement qu’on peut critiquer Israël : l’occupation de la Cisjordanie dure depuis trop longtemps et a eu pour effet, comme cela a été observé dans des situations similaires, d’avoir changé les occupants. On sait que des abus ont été commis ; bien sûr cela est injuste et tragique. Aucune armée n’agit de façon tout à fait propre lorsqu’une force d’occupation impopulaire doit diriger des populations étrangères durant une si longue période. Cela affecte inévitablement le caractère de l’un ou l’autre soldat. Et, à vrai dire, est-ce vraiment sagesse de la part des Israéliens de construire des implantations dans les territoires occupés ? On pourrait imaginer de manières plus appropriées de rétablir la confiance.

Mais, finalement, Israël a-t-il d’autres alternatives ? Dans l’espoir de favoriser la paix, il a libéré Gaza. Depuis lors, les bombes tirées depuis Gaza pleuvent sur Israël. Reconnaître la Palestine ? Aussi longtemps que de puissantes organisations telles que le Hamas veulent détruire les Israéliens, il peut paraître risqué d’aller dans le sens de ces auto-déclarés meurtriers de masse. Même pour nous, les Suisses, il nous en coûterait, alors même que nous sommes en faveur du système universel de compromis. Nous avons abandonné la Valtelline après le congrès de Vienne pour ne pas être emmenés dans des guerres perpétuelles avec l’Italie.

Quoique l’on reproche à Israël : cela manque habituellement d’équité. Pourquoi les critiques d’Israël ne se montrent-ils pas aussi intensément outrés à propos des éclatantes injustices au Zimbabwe ? Pourquoi ne réagissent-ils pas lorsque les Russes se déchaînent en Tchétchénie, d’une manière avec laquelle Israël n’a pas réagi depuis 1967 ? Le fait qu’ils jugent Israël avec une si extrême et excessive dureté rend leur critique difficile à soutenir- et suspecte. La Suisse ne devrait en aucun cas reconnaître la Palestine.

(Traduit de l’allemand par l’Ambassade d’Israël à Berne)

http://bazonline.ch/news/standard/Ein-Plaedoyer-fuer-Israel/story/25746283


Martine Brunschwig Graf contre la reconnaissance d’un Etat palestinien en septembre

MARTINE BRUNSCHWIG GRAF, Conseillère nationale (PLR/GE).

Matin online (20.08.11)

Quelle position la Suisse doit-elle adopter face à la demande d’adhésion d’un Etat palestinien à l’ONU ?

Attention. On ne sait pas si les Palestiniens vont vraiment tenter ce coup de force à l’ONU au mois de septembre, et si oui, sous quelle forme. La Commission de politique extérieure du Conseil national se réunit lundi et mardi mais il n’est pas certain que nous ayons une consultation formelle à ce moment-là.

Qu’importe la forme, mais sur le fond, quel est votre avis ?

Je suis favorable à la coexistence de deux Etats. Mais pour qu’il y ait une reconnaissance d’un Etat palestinien, il faut que plusieurs conditions soient remplies: un gouvernement unifié, un plan de paix entre la Palestine et Israël, et enfin la reconnaissance par le gouvernement palestinien du droit à l’existence d’Israël et son engagement à renoncer au terrorisme. Ces conditions ne sont pas remplies actuellement.

Et pourtant, la Suisse n’a pas été aussi exigeante avec le Kosovo.

Dans le cas du Kosovo, il y avait un gouvernement unifié et un cadre, celui élaboré par l’ONU et son envoyé spécial Martti Ahtisaari. Et pourtant, la reconnaissance n’a rien résolu en ce qui concerne le territoire actuellement divisé du Kosovo. Et l’on voudrait maintenant recommencer avec la Palestine ?

Une reconnaissance de l’Etat palestinien par l’ONU ne ferait-elle pas avancer les choses ?

Certains le pensent mais moi je prétends qu’au contraire cela va figer les positions. On se retrouverait avec un Etat virtuellement reconnu, qui ne s’est engagé à rien, des autorités palestiniennes et un territoire divisés et enfin un pays, Israël, qui se sentira contraint de renforcer encore sa sécurité.

Un échec des Palestiniens à l’ONU n’est-il pas plus dangereux, avec une nouvelle flambée de violence ?

Mais la violence est là. Et les attaques de jeudi à Eilat le montrent bien. Je me suis rendue en Israël en avril dernier. J’étais en face de la bande de Gaza, dans une ville israélienne où le jardin d’enfants est dans un bunker car les roquettes peuvent tomber à tout moment.

Membre à part entière de l’ONU, candidate au Conseil de sécurité, la Suisse peut-elle se permettre un refus de la demande palestinienne, voire une abstention ?

Je note que l’Union européenne est divisée. Mais si la Suisse accepte la proposition palestinienne, elle pourra oublier tous ses efforts de médiation entrepris dans le cadre de l’Initiative de Genève car elle se retrouvera dans une position totalement déséquilibrée.

Car elle est équilibrée ?

Elle ne l’a pas toujours été. Le soutien de la Suisse à une résolution unilatérale en faveur de la Palestine, en mars 2009 au Conseil des droits de l’homme, a contribué à tendre la situation. Les relations s’étaient améliorées ces derniers mois. Ces efforts pourraient être perdus.

Vos origines juives vous amènent-elles à soutenir Israël ?

Je suis une citoyenne suisse et je n’approuve pas tout ce que fait l’actuel gouvernement Netanyahou. Mais j’estime qu’Israël a le droit de vivre en sécurité, sans avoir à craindre le terrorisme du Hamas.


Israël dispose d’un faible endettement, de solides réserves en devises, d’un système bancaire stable et d’une monnaie forte

Par Jacques Bendelac

Dégradation de la note américaine, tempête sur les marchés financiers, ralentissement du commerce mondial: l’économie israélienne ne fait pas seulement face à une crise sociale sans précédent, elle est aussi prise dans la tourmente internationale. Malgré cet environnement défavorable, les risques de récession pour l’économie israélienne semblent minimes; tout au plus, le taux de croissance pour 2011 se ralentira, passant de 5,2% selon les prévisions initiales, à 4,8%.

Contrairement à la majorité de ses partenaires occidentaux, le pays dispose d’un faible endettement, de solides réserves en devises, d’un système bancaire stable et d’une monnaie forte. En revanche, l’économie israélienne encoure des risques minimes qui sont liés à sa forte dépendance extérieure, aussi bien dans le domaine du commerce que vis-à-vis des investissements.

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